Les différents modes de paiement utilisés dans l’import (gérez vos risques, stop aux arnaques!)

Arnaques, incompréhensions, paranoïa… Finissons-en avec les variables floues, et mettons les choses au clair :

Aujourd’hui, je vais vous montrer comment choisir votre moyen de paiement pour régler un fournisseur chinois SANS prendre de risques. Ou au moins, en sachant quelle part de risque vous incombe, et quelle part est la part du fournisseur…

Parce que quand il s’agit de payer l’usine chinoise, la plupart des entrepreneurs fonce simplement la tête la première et choisi les termes du fournisseur. Mais le moyen de paiement aussi se négocie. Et vous avez même énormément à gagner en le négociant : risque, frais, garantie de livraison… Ne négligez pas ce qui va suivre.

Etudions ensemble les moyens de paiement par lesquels je passe, avec leurs avantages et leurs inconvénients. Une mention spéciale sur les arnaques sera faite un peu plus loin dans l’article :

Le virement international :

Avantages : C’est le mode de paiement le plus facile, et aussi l’un des plus fréquemment utilisé
Inconvénients : Ce mode de paiement est aussi le plus risqué (sauf exceptions que j’expliquerai plus tard)

Le paiement par virement bancaire, aussi appelé « virement international », « telegraphic transfert » ou très souvent « T/T » est la manière la plus facile de régler un fournisseur.

Il est très fréquemment utilisé pour les petites quantités, et pour les marchandises express (transport aérien par exemple).

Mais il est aussi utilisé très fréquemment entre un acheteur et un fournisseur ayant déjà établit une relation de confiance.

Pourquoi préférer ce mode de paiement quand la relation de confiance est établie? Simplement parce que c’est l’un des moyens les plus rapides, les plus pratiques, et ayant le moins de frais bancaires de régler un fournisseur chinois (compter 12,6 euros de frais en moyenne selon les banques, peu importe le montant total du virement).

Il est aussi utilisé fréquemment pour une première commande entre un acheteur et un fournisseur. Le risque majeur étant de régler la commande, et de ne pas être livré (et du coup l’argent est perdu)

En pratique, le but serait d’avoir un moyen de paiement pratique et bon marché, tout en s’assurant de recevoir sa marchandise sans que le fournisseur ne fuie avec l’argent.

Il y aura deux éléments majeurs à prendre en compte.

Et curieusement, le premier élément n’a pas grand chose à voir avec le moyen de paiement.

Il s’agit simplement de votre sourcing. Si votre sourcing est fait de façon structurée (par exemple en utilisant une checklist pour tester la fiabilité des fournisseurs et éliminer 99% des arnaqueurs…), alors votre paiement sera plus « sécurisé ».

Le second principe est de ne jamais régler la totalité du paiement lors du passage de la commande.

Bien évidemment, votre fournisseur a besoin de s’assurer de votre sérieux, et aussi de commander ses matières premières. Mais il n’a pas besoin pour cela que vous régliez 100% du montant de la commande.

Généralement, il conviendra de régler 30% du montant lors du passage de la commande, le deposit, et les 70% à la livraison de la marchandise (après inspection qualité, et avant la mise en bateau).

Si il n’évite pas totalement les arnaques, mieux vaut se faire arnaquer un deposit de 1500 euros plutôt que 5.000,00 euros. N’est-ce pas?

Je vous rappelle cependant une fois de plus que ces cas de « vol du deposit » sont très rares si l’on a des process de sourcing structurés et logiques en place en amont.

La lettre de crédit :

Avantages : les risques sont normalement partagés entre l’acheteur et le fournisseur
Inconvénients : ce mode de paiement très rigide est de plus en plus souvent refusé par les fournisseurs chinois

La lettre de crédit, aussi appelé « Crédit Documentaire » ou « L/C », est une lettre de garantie de la banque de l’acheteur certifiant que cette dernière paiera le fournisseur à la condition que le fournisseur livre la marchandise et les documents associés selon les conditions spécifiées dans la lettre de crédit.

Pour faire simple, si vous voulez acheter 100 tonnes de patates à un fournisseur chinois, et qu’il vous demande en échange 50000 dollars américains, votre banque fera une lettre spécifiant la qualité des patates, la quantité de patates, et la date de livraison des patates que le fournisseur devra respecter.

Ce paiement est très rassurant pour le fournisseur, qui est certain d’être payé.

Il est aussi très rassurant pour l’acheteur, qui est certain d’être livré (ou de récupérer son argent).

Le gros problème avec la lettre de crédit, c’est qu’elle est rigide. Dès qu’elle est rédigée, elle n’est plus modifiable sauf par un accord commun entre l’acheteur, le vendeur et la banque.

Son second problème, c’est que des acheteurs peu scrupuleux ont changé la donne quand à la répartition des risques :

En rédigeant des lettre de crédit très complètes, certains acheteurs ont décidé de mettre un maximum de clause sur lesquelles le fournisseur chinois risquerait d’échouer.

Plutôt que de développer ce point, expliquons d’abord ce qui se passe si le fournisseur chinois ne respecte pas ses engagements. Par exemple, disons que le fournisseur chinois livre 3 jours en retard.

Dans ce cas, il n’a pas respecté le contrat pour lequel il était lié avec la banque, et la banque peut donc décider de ne pas régler la marchandise. Elle et l’acheteur ont un fort pouvoir de négociation pour exiger par exemple des pénalités de retard.

C’est normal, le contrat n’était pas respecté.

Mais qu’est-ce qui se passe si le fournisseur livre en avance, ou avec une qualité supérieure à ce qui était prévu? C’est normalement fantastique pour tout le monde!

Mais ce n’est pas fantastique du tout si l’acheteur est un emmerdeur de première classe. Et qu’il dit au fournisseur : « non, tu as livré trop tôt, le contrat n’est pas respecté » ou « non, la qualité est trop bonne, le contrat n’est pas respecté ». Et qu’il décide, et il a légalement le droit, de ne pas régler la marchandise.

Voila donc le fournisseur chinois bloqué : il a payé sa main d’oeuvre, il a payé ses matières premières, sa marchandise est désormais au port en occident à 10.000 km de chez lui. Il a alors deux choix :

– Soit il rapatrie la marchandise à ses frais, et essaye de la revendre à un autre client (ce qui, la plupart du temps sera soit trop coûteux, soit impossible)

– Soit il accepte les nouveaux termes de l’acheteur pour tenter de limiter l’arnaque qu’il est en train de subir : réduire le prix de 30% par exemple.

Et ensuite, il décidera probablement de refuser à tout jamais toute commande exigeant une lettre de crédit… Sauf peut être avec un client avec lequel il a déjà une certaine relation / expérience.

A mes yeux, la lettre de crédit est le meilleur mode de paiement possible. Tentez toujours de le négocier avant de passer au paiement T/T. Mais si le fournisseur refuse catégoriquement, vous comprendrez maintenant pourquoi.

Le mode de paiement ESCROW :

Intégré dans certaines plateformes (Alibaba, Aliexpress…), il ressemble dans son fonctionnement à la lettre de crédit documentaire.

Avantages : les risques sont partagés entre l’acheteur et le vendeur
Inconvénients : parfois limité au niveau des montants

La différence avec la lettre de crédit, c’est que la troisième partie intervenant dans l’échange entre l’acheteur et le vendeur n’est pas forcément une banque.

Le contrat est généralement plus souple, et cette troisième partie est beaucoup plus impartiale que la banque de l’acheteur. En fonction des situations, elle donnera raison soit à l’un, soit à l’autre.

L’acheteur peut refuser de payer le vendeur pour généralement 2 motifs :
– Non réception de la marchandise
– Marchandise très différente de celle stipulée dans le contrat de vente (gros problème qualité par exemple)

Ce mode de paiement oblige à passer par une tierce partie (comme Alibaba.com) pour le suivi de la commande, mais peut se révéler être une excellente manière de payer un fournisseur.

Attention, certaines plateformes limitent le nombre de réclamations possibles :

Supposons par exemples que vous ayez commandé une tonne de carottes pour un montant de 600 usd. Et que vous êtes un peu paranoïaque, et qu’après quelques jours sans nouvelle vous n’ayez plus de nouvelles de votre fournisseur. Vous faites une réclamation pour être remboursé.

Et supposons que c’était en pleine fête de printemps, et que ne connaissant pas la culture chinoise vous n’en saviez rien du tout. Et qu’en fait le fournisseur avait bien envoyé votre marchandise, et fournit désormais la preuve de livraison avec le numéro de tracking et les papiers de la douane à Alibaba.

La réclamation est donc close, et l’argent remis au fournisseur.

Le hic, c’est que si vous êtes livré une tonne de carottes moisies et de calibre légèrement différent à ce que vous aviez commandé, il est trop tard pour faire une réclamation.

Certains fournisseurs pourraient même faire exprès de vous faire patienter pour que vous ouvriez une réclamation pour « non livraison ».

Ne soyez pas paranoïaque, soyez patient, et discutez avec les équipes de la tierce partie avant d’ouvrir une réclamation.

En règle général, le mode de paiement ESCROW est un très bon choix quand l’option est proposée.

Renseignez-vous aussi sur le modes de paiement D/P (si ça vous intéresse) :

Je ne l’ai jamais vu utilisé, la plupart des risques sont du côté du fournisseur, et je ne pense pas que cela s’applique dans la situation des personnes suivant ce blog. Pourquoi pas si vous êtes le gérant de Carrefour ou Auchan, et encore.

Paypal :

Paypal n’est pas un mode de paiement adapté à l’import de gros. Cependant, pour commander des échantillons, comme on commencerait un objet dans une boutique en ligne, pourquoi pas.

Ça permet en plus de régler par carte bleue via Paypal, ce qui est parfois bien pratique plutôt que de faire un virement international pour un petit montant (où les frais fixes de virement seraient donc proportionnellement bien trop élevés par rapport au montant de la commande).

Western Union :

Western Union n’est pas DU TOUT un mode de paiement adapté à l’import de gros, ni à l’import, ni même au commerce en général ! Exceptionnellement si une relation de confiance est établie, pourquoi pas. J’ai moi même du recevoir 3 ou 4 paiements par Western Union dans ma vie. Mais ce doit être l’exception

Western Union est un moyen d’envoyer de l’argent à vos proches ou à vos amis à l’autre bout du monde. Les fournisseurs chinois n’entrent pas dans cette catégorie.

Si vous ne connaissez pas le fournisseur, et qu’il vous demande de régler la marchandise par Western Union (ça sent déjà l’arnaque à plein nez), vous n’aurez AUCUN recours en cas de litige.

Aucun, rien, niet, zéro.

Vous avez jeté votre argent par la fenêtre, et si vous êtes tombé sur cet article en recherchant « arnaque western union fournisseur chinois » ou tout autre mot clé du genre, je ne peut rien pour vous, personne ne peut rien pour vous.

En plus c’est de plus en plus compliqué, parce que les arnaque Western Union sont très fréquentes, en Afrique majoritairement, mais aussi en Chine dans une moindre mesure.

Le problème, c’est qu’en Chine il y a énormément d’homonymes (personnes portant le même nom/prénom dans la transcription phonétique occidentale).

Du coup, lorsqu’un chinois est mis sur la liste noire de Western Union, ces milliers, voir des dizaines de millions de chinois ayant un nom se prononçant de la même manière sont placés sur la liste noire.

Et ce moyen de paiement devient encore moins viable, déjà que ça sentait l’arnaque, maintenant c’est carrément impossible de l’utiliser dans bien des cas.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *